vendredi 17 décembre 2010

dimanche 12 décembre 2010

Art aborigène blanc

Atelier Fusion 24. 2010. EF

 Les aborigènes d'Australie peignent des rêves depuis des générations avec des signes graphiques très simples: points, lignes, cercles, spirales, surfaces approximatives. C'est une grammaire simple et subtile à la fois rehaussée d'une gamme de couleurs réduites, mais dont les contrastes sont efficaces. La littérature consacrée à l'art aborigène est souvent très mince, parce qu'on ne peut pas les rattacher spécialement à des courants d'art occidentaux. Pour un historien de l'art, il y a peu à dire sur les connexions, les filiations, les influences, les apports, les écrits, les intentions de cet art là. Hormis qu'il transcrit des rêves. Aujourd'hui, grâce notamment à l'acrylique, les oeuvres sont plus nombreuses et s'exportent chez les collectionneurs.

Nous n'avons pas la même notion du rêve en Occident. Dans le film Inception, le rêve sert à faire un coup tordu dans les affaires. C'est pourquoi l'art aborigène blanc ne peut pas raconter les mêmes rêves que l'art aborigène indigène. Nos territoires sont faits d'angles droits, de pylones, de passerelles, d'accès, d'étages, d'élévation. L'environnement de l'aboriègne d'origine est plat, désertique, animé par le vent sur le sol ou la trace d'une bestiole. S'il veut être sincère, l'art aborigène blanc doit être honnête avec ses propres rêves, ses propres vertiges, sa propre ignorance du monde des rêves.

mardi 7 décembre 2010

dimanche 28 novembre 2010

Qu'est-ce que l'art aborigène blanc ?




 
Longtemps les aborigènes ont fait de l'art sans le savoir, sans en être conscients, dans le sens où nous le sommes tous en Occident depuis des siècles. Ce qu'ils peignaient était lié au mystère de la vie et servait à communiquer avec la nature et les forces secrètes de l'univers. Ils ont toujours eu une grande attention pour leurs rêves, contrairement à nous qui le jetons presque tous à la poubelle au saut du lit. Certains rêvaient plus que d'autres et pouvaient faire des tableaux plus complets, jusqu'à des degrés inimaginables de pensées, avec des coups d'avance comme les grands maîtres aux échecs. Mais pas question de les vendre, aucune intention commerciale chez ces peintres dont la notoriété ne valait qu'à titre de sorcellerie douce locale. C'est en tout cas ce qu'il ressort de leurs dessins et peintures qui délimitent des territoires et des figures imaginaires à l'aide de traits, de points et de couleurs. La base du peintre.

Aujourd'hui, l'art aborigène est entré sur le marché de l'art, mais, à condition que sa production garde l'authenticité première. Nulle copie ne saurait satisfaire l'amateur des belles toiles et des vibrations cosmiques qui s'en dégagent. Le temps est cependant venu, sur ce marché étroit et difficile, sur ce marché de dupes pour certains, de proposer au public curieux un aborigène blanc qui n'a jamais connu l'Australie, comme le Douanier Rousseau n'avait jamais mis les pieds dans la jungle. Cela est possible grâce à des liens très simples, des convergences de pensées, même supposées, qui suffisent à rendre la métamorphose légitime. L'aborigène blanc a grandi et vit dans un environnement totalement différent de son homonyme coloré. Mais les deux évoluent dans une géomètrie intérieure avec la même interrogation solitaire face au monde réel qui s'efface dans l'abstraction.